L’acharnement de la presse française envers la Chine

Après une fort longue absence (due au simple fait que je sois fort occupé), je reprends la plume numérique, après avoir été assez hérissé par une succession récente d’article du journal Le Point. En effet, les mots ont un sens (et c’est l’ancien étudiant en philosophie et désormais professeur de français qui vous le dit ! Oh, qui l’eut cru ?

Nous avons donc des titres (et des articles) ostensiblement opposés à la Chine, toujours écrit de la même personne : Jérémy André (le lien ici, pour prouver que je n’invente rien ni n’exagère mes propos : Jérémy André – Journaliste du Point (lepoint.fr)).

Il y a 9 pages d’articles écrits par ce monsieur, tout de même…

Voici un best of, parce que quand même, autant d’intégrité journalistique, ça mérite le détour !

Alors, je conçois que la liberté de la presse (en France) laisse -officiellement- une immense liberté de choix de sujets, de styles et de positionnements. Normalement, et j’insiste sur le caractère de la normalité, cela permet un large balayage de propositions, explications et analyses.

Le petit hic, avec ce genre « d’articles », qui en plus sont proposés comme l’essentiel par ledit journal, c’est déjà la source.

M. Jérémy André, un correspondant asiatique, se trouve à Hong-Kong.

Je vous propose, à titre de comparaison, ces unes du célébrissime journal corse Le Pouêt, avec son journaliste qui reste bien sûr sur son île de beauté, parce qu’il n’y a vraiment aucune raison de se déplacer à l’endroit où se déroulent les évènements, c’est bien connu :

Je le refais en mode sérieux : les articles concernant un pays immense et franchement varié (comparer une ville portuaire ultra-développée comme Shanghaï avec une région agricole simplement en développement, c’est déjà un brin limite, donc quand je lis « la Chine », je grince généralement un brin des dents) émanent tous de la ville à la situation extrêmement compliquée qu’est Hong-Kong. Je précise tout de suite, jouer sur l’image des gentils Hongkongais combattant pour la liberté les tyranniques Chinois, c’est complètement crétin. Hong-Kong reste un paradis fiscal, où un grand nombre d’hommes d’affaires tentent de placer leurs fortunes pour éviter de payer leurs impôts au gouvernement chinois, plus une zone où l’influence étrangère, particulièrement américaine, est très forte, notamment au niveau de la contestation. Sans rentrer dans du complotisme de bas-étage, il faut quand même considérer que l’opposition chinoise est extrêmement forte à Hong-Kong, donc que toute information qui en émane sera forcément extrêmement partiale et très loin d’être objective.

Par ailleurs, un correspondant qui ne soit pas basé à la capitale, je trouve cela ridicule.

Dans n’importe quel pays du monde, le correspondant se trouve à la capitale du dit pays, histoire notamment de relayer la parole officielle (qu’on soit d’accord ou pas avec le positionnement du pays en question). Pour la Chine, visiblement, il y a une exception, sans compter qu’Hong-Kong est sacrément éloigné de Pékin, géographiquement parlant.

Ajoutons que le correspondant de toute l’Asie se trouve présent dans une ville à très forte influence occidentale, ce qui exclut toute compréhension locale, car le prisme de vision reste totalement occidentalisé. Bonjour l’ouverture d’esprit et l’interculturalité. Je ne parle même pas des différences entre les différents pays d’Asie, bien sûr.

Imaginez un Français lisant un article sur le Brexit émanant d’un correspondant basé en Pologne ou en Estonie. Ne riez pas, on est au même niveau.

Plus généralement, à chaque fois que je tombe sur un article ou une analyse de la Chine, j’ai l’impression de faire face à de la propagande bien lourdingue et ras du casque : Le monde selon Xi Jinping, ou encore Coronavirus : la Chine en quarantaine, pour ne citer qu’eux. Merci Arte de présenter tout cela avec une position clairement anti-chinoise, pour éviter toute réflexion (autant médiatique que personnelle) à propos d’un pays ne se situant même pas sur le même continent, avec des différences historico-culturelles assez frappantes, malgré une ouverture extrêmement récente. Je rappelle que la Chine moderne n’a même pas 100 ans.

J’ai en outre en mémoire un reportage sur TF1 (à mon passage en France) qui présentait au milieu du journal de 20 h toute la technologie de la reconnaissance faciale, utilisée seulement dans les villes les plus développées (mais évidemment, présentée comme « en Chine »), avec la prise de parole d’un opposant politique (qui s’y oppose, donc) et d’un citoyen lambda interviewé dans la rue (qui n’y voit aucun problème).

Du coup, à chaque fois que j’ai un contact avec mes amis ou ma famille en France, ces derniers sont naturellement fort méfiants vis-à-vis d’un pays présenté comme le pire de l’ex-URSS. J’ai beau leur dire que non, je vis globalement plus librement et plus en sécurité qu’eux, l’influence est très lourde, d’où ma colère envers des médias largement biaisés.

A ce propos, puisque dorénavant, la Chine se rapproche de l’Allemagne nazie avec l’affaire des camps de Ouïghours, je propose une petite ouverture d’esprit en présentant des avis un brin différent : (le Youtubeur canadien –anglophone- Daniel Dumbrill American/Canadian Propaganda – a Xinjiang « Genocide » Panel – YouTube) et l’ancien journaliste et écrivain français Maxime Vivas, naturellement vilipendé par la presse française pour proposer une vision alternative (et donc opposée) à celle du consensus médiatique, avec son livre Ouïghours pour en finir avec les fake news.

Non, la Chine n’est pas un paradis terrestre ou le pays des Bisounours, et oui, un certain nombre de libertés ne sont pas présentes comme en Occident (on reparle par contre de la liberté de la presse en France, ou des Droits de l’Homme bafoués dans l’hexagone durant les diverses manifestations des années passées, juste pour la pique ?), mais imaginer la Chine comme un régime inhumain et ennemi du « Saint Empire d’Occident » me lasse véritablement.

En attendant, et pour sacrément dédramatiser, je peux profiter de la situation de la Chine et de son confinement qui est pour moi un très lointain souvenir, afin de visiter le quartier de Dafeng à Shenzhen, histoire de faire un tour dans les ateliers de peinture et les galeries, ça vaut sacrément le détour !

Pour les petits curieux, un documentaire assez formidable, China’s Van Gogh ou Les Van Gogh chinois, de Haibo Yu et Tianqi Kiki Yu, dresse le portrait d’un travailleur chinois assez hors du commun issu de cette zone, je vous le recommande. Les Van Gogh chinois (film-documentaire.fr)

Coronavirus, au shaker, pas à la cuillère

Quid en Chine, ces temps-ci ?

Difficile de passer à côté de ce qui semble embraser la presse et les réseaux sociaux, en provenance de la Chine : le terrible, nouveau et mortel coronavirus.

En fait, je ne comptais pas vraiment écrire là-dessus, mais hier, après avoir visionné une vidéo Youtube (oui, un VPN est nécessaire pour accéder à la plateforme vidéo depuis la Chine et non, ceci n’est pas une page de publicité dédiée à NordVPN) –la dernière de la jeune « journaliste » Tatiana Ventôse– et une belle discussion avec mon épouse –chinoise pure souche-, j’ai décidé d’apporter mon micro grain de sel à cette affaire.

En effet, dans la vidéo, la vidéaste présentait plutôt bien la situation et mettait en avant la question médiatico-politique, tandis que mon épouse, évidemment nourrie aux réseaux sociaux chinois (merci Wechat), arguait que les USA avaient toutes les raisons d’être derrière cette épidémie.

J’ai donc décidé d’enfiler mon plus beau costume, d’aborder mon sourire le plus charmeur et de sortir commander dans un casino la boisson du titre, histoire de faire passer James Bond pour le piètre et sale englishman qu’il est et de faire éclater la vérité et la justice au nom des valeurs universelles françaises (cocorico).

Bond

On fait moins le malin, maintenant, hein 007 !

Tout d’abord, une petite carte, histoire de resituer l’origine du fléau mondial et de commencer entre amis une petite partie de Pandemic (ce jeu me manque, surtout avec un ami pharmacien et un autre doté d’un solide bagage scientifique et je pense également à un très bon couple d’ami, lui ingénieur et elle biologiste, avec sa collection de peluche représentant notamment de magnifique bactéries toutes douces, également joueurs de jeu de plateau).

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Wuhan, donc, pour ce que j’en sais (j’ai découvert l’existence de cette ville située en plein centre de la Chine comme vous, il y a quelques semaines, quand elle devint le centre de l’attention médiatique), est une ville de second rang, par rapport aux mégapoles ultra développées et rivalisant avec les grandes villes américaines de la côté. Elle est notamment plutôt célèbre pour un immense marché, notamment à bestiaux, mais cela n’a rien de très original par rapport à la Chine, des endroits possédant un rassemblement de commerces animaliers (vendant même des loups) sont disséminés un peu partout dans ce vaste pays qu’est la Chine.

Mais attention, car selon mon épouse, se trouverait en ces lieux un laboratoire biologique ou pharmaceutique d’une renommée internationale, rivalisant avec les plus grands de ce monde. Un endroit à l’accès très réservé, où même l’Oncle Sam n’a pas accès.

Sentez-vous venir les prémices d’une des meilleures histoires de tous les temps ?

Allons, un peu d’imagination, que diable, World War Z –le livre-, débute presque exactement pareil.

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Oui, je sais, on peut réutiliser cette image pour faire des memes sur le monde du travail, allez-y, servez-vous et faites-vous plaisir, c’est la maison qui offre.

Les faits, pour ce que j’en connais :

Peu avant la Nouvel An chinois, cette mutation de ce virus se développe dans la zone de Wuhan.

Qui dit Nouvel An et Fête du Printemps dit vacances quasi généralisées et donc une explosion de voyages, tout un chacun repartant généralement dans sa famille, souvent très éloignée de son lieu de vie et travail. « Comme par hasard », juste avant cet évènement si important, a déclaré mon épouse (avec évidemment les risques de contamination à échelle nationale).

Ce foyer d’infection est découvert –avec forcément un peu de retard- par les autorités chinoises, Wuhan commence à être bloqué, mais plusieurs autres foyers naissent un peu partout en Chine (y compris à Canton, mon lieu de résidence). Quantité de médecins et chercheurs chinois sont envoyés ou partent sur les lieux pour soigner les malades et tenter de découvrir un remède dans les plus brefs délais, car il y a des morts (impossible de savoir jusqu’à quel point la maladie est véritablement mortelle, d’ailleurs, même mon épouse indique que les sources d’informations sont rares). En tout cas, comparable de mon point de vue à une grippe plutôt sérieuse.

Le niveau d’alerte, sur le sol chinois atteint assez rapidement son maximum, les vacances sont prolongées, les gens invités à rester chez eux pour éviter toute propagation de la contamination, un hôpital de campagne est établi en une dizaine de jours grasse à la machine « de guerre » chinoise. On rappelle de toute urgence des ouvriers pour rouvrir les usines produisant notamment des masques respiratoires. Dans les quelques lieux encore ouverts à cette période (pour faire simple, pendant deux semaines, on est en pleine période de Noël et Réveillon, donc pratiquement tout est fermé), des contrôles de température sont systématiques grâce à des thermomètres lasers, les masques sont obligatoires pour sortir, sous risque de ne pas pouvoir faire ses courses, voire de récolter une amende. Dans la rue, quand je suis sorti faire mes commissions, je peux attester que 80-90% des gens portent ces masques.

Dans le même temps, des cas de personnes infectées sont recensés dans les pays occidentaux, notamment aux Etats-Unis et en France. En tout cas, j’adore cette réaction :

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Alors, je ne sais pas quel genre de niveau de panique on trouve dans l’hexagone ou le reste de l’Europe, mais ici, en tout cas à Canton, c’est d’un calme extraordinaire : très peu de gens dans les rues, les sorties sont réduites au minimum, mais aucune foule en délire face à une force armée tentant de retenir la folie de la populace.

Mieux : les chinois le prennent plutôt avec humour (j’ai vu quelques vidéos passer, c’est juste mignon, pour vous donner un exemple : une marmotte « chantant » l’appel, de Queen).

Par ailleurs, je salue les efforts gouvernementaux (oui, pour une fois !), concernant les courriels d’informations envoyés aux résidents sur le sol chinois par l’ambassade, tel que cet exemple (bien plus sérieux que le précédent, certes) :

mail diplomatique

 

Or donc, revenons-en au croustillant, à savoir le complot. Déjà, voilà un plan déniché par votre serviteur, suite à la conversation un brin épicée avec mon épouse (disons simplement que quand elle a une idée vissée dans le crâne, elle n’en démord pas) :

Monde-centré-Pacifique

Oui, oui, c’est bien le logo d’Umbrella Corp. au niveau des USA, tout s’explique…

  • Phase 1 : Les USA envoient subrepticement en Chine, à Wuhan, le virus « qui a forcément été manipulé par l’homme pour atteindre cette nouvelle forme » ; source (c’est important de citer ses sources) : l’Internet chinois.
  • Phase 2 : Avec le mouvement de population si prévisible à cette époque de l’année, la contagion atteint à peu près toute la Chine, qui ferme ses frontières.
  • Phase 3 : Immanquablement, des cas d’infection (sporadiques) atteignent les autres pays, y compris la France, pas comme le nuage radioactif de Tchernobyl, qui s’était arrêté à la frontière française, diable !
  • Phase 4 : la malheureuse Chine se retrouve sous le feu des projecteurs, éclairée par une lumière ô combien critique et malveillante, face à une opinion internationale hostile et une volonté des Etats-Unis de s’immiscer sur le sol chinois (notamment à Wuhan et son fameux –fabuleux ?- laboratoire) au nom de l’aide humanitaire et sanitaire, mais se retrouve malgré tout repoussé, ce qui ne fait qu’augmenter l’hostilité et la perte de crédit.

 

Alors, quelle est ma réaction, de simple et pauvre petit Français, face à pareil complot ?

minus et cortex

Je repense aux dessins animés de mon enfance, pardi !

Certes, je veux bien me montrer compréhensif et écouter les dires –parfois si éclairés- de ma charmante épouse. Mais là… franchement, on dirait plus un plan mal fichu de série B, pour ne pas dire Z, ou un scénario manquant franchement d’imagination, plutôt qu’un complot machiavélique digne du Spectre et du sinistre cerveau de l’homme caressant perpétuellement son chat (le Docteur Mad, pas Blofeld, bien sûr ! Ou l’inverse, je m’y perds…).

Bon, comme indiqué précédemment, j’ai quelques amis dans la branche médicale, pharmaceutique et recherche biologique, et j’ai eu des discussions passionnantes avec eux, suffisamment pour me faire perdre certaines de mes illusions et fantasmes.

Déjà, une épidémie d’origine étrangère et fomentée par l’homme, vu le prix de la recherche, et pour des résultats si vagues et discutables, personnellement, je n’y crois pas vraiment. En plus, si complot il y a, c’est évidemment possible de remonter jusqu’à l’espion ou agent infiltré et donc de faire éclater un scandale monumental. Je suis parfaitement d’accord sur le fait que la CIA et les divers services secrets peuvent être retors, diablement efficaces et magouiller dans des affaires louches au possible, mais en dehors d’une certaine perte de crédibilité à l’échelle mondiale, je vois mal l’intérêt des USA dans cette affaire. Il est évident que le gouvernement chinois ne va pas accepter facilement une intervention étrangère sur son sol, même au nom de la science ou de la médecine. Donc, tout ce plan pour pouvoir potentiellement accéder à un seul laboratoire chinois, plan qui a d’ailleurs échoué au vu des faits, cela me paraît totalement absurde.

Si on veut parler d’une vraie attaque, de type bactériologique, donc d’un virus façonné par l’homme pour faire subir je ne sais quoi à la si nombreuse population chinoise, la situation actuelle me fait dire que c’est une bande de branquignoles qui a travaillé. Parce qui, certes, il y a des morts, mais niveau efficacité, ce virus manque sacrément de pêche, on est loin des ravages et de la terreur d’épidémies historiques. Par ailleurs, je n’ai franchement aucun doute sur le fait que les médecins chinois trouveront très bientôt un remède, la seule question me paraît être le temps (des jours, des semaines, des mois ?).

Si on estime qu’il s’agit d’un plan pour abaisser la Chine, et bien je trouve que ces laborantins de pacotille travaillent de pair avec des polichinelles socio-politiques, parce que la Chine ne sort pour le moment pas vraiment rabaissée. La situation me paraît être sous contrôle et dès la reprise (simplement reportée de quelques semaines), tout le pays reprendra le travail comme si de rien n’était, donc, à part une micro baisse économique et une énième critique politico-médiatique, le Chine ne subira selon toute probabilité rien du tout.

Je sais que la théorie du complot est très attachante (« nous, pauvres Chinois, contre le reste du monde dominés par ces diables d’impérialistes américains »), mais j’ai une théorie toute simple, qui me paraît bien plus fondée.

 

Allez, c’est partie pour une théorie de comptoir :

Juste avant le Nouvel An chinois, exactement comme mon beau-père ayant acheté 3 chaperons fermiers (je n’ai pas pu les goûter, n’ayant finalement pas pu le rejoindre), un grand nombre de Chinois vont faire leurs courses, y compris dans des marchés animaliers, comme on en trouve à Wuhan. Or, ces endroits sont un ramassis compressé d’animaux et de personnes, surtout en ces périodes de suractivité et surconsommation, et parfois l’hygiène ne répond à aucun critère sanitaire acceptable pour un occidental. Qui dit augmentation du nombre de personne, ajoutée à l’arrivée plus importante que la moyenne d’animaux de toutes sortes, y compris sauvages, dit augmentation des risques d’infection de toute sorte. On parle de la Chine, après tout, le pays le plus peuplé au monde ! Qu’une variante de virus se développe de façon extraordinairement rapide, cela arrive malheureusement, on parle simplement de catastrophe naturelle.

Avec le massif mouvement de population repartant vers ses proches, cette nouvelle variante du virus se transmet rapidement à tout le pays, touchant en premier lieu les personnes les plus fragiles. Vraiment rien de bien nouveau sous le soleil.

Ensuite, déroulement logique de procédure : le gouvernement répond rapidement et avec des mesures très nettes, pour éviter toute critique ou tout problème grave, et cherche à montrer son efficacité, pendant que les opposants actuels ne profitent de cette crise pour critiquer la Chine, tout cela selon le bon vieux jeu politique, qui n’a rien de nouveau.

Bref, j’y vois un malheureux concours de circonstances, tout à fait explicables, plutôt que de sombres affaires de complot international. Je puis me tromper, naturellement.

 

J’en viens à mon dernier point, celui qui est le plus triste ou amusant : les protections face à ce nouveau virus.

masque pourri ou masque cassé

Pour la blague : la traduction des caractères chinois signifie « masques pourris ou masques cassés »…

De ce que j’en ai compris, c’est une sorte de maladie comparable à la grippe. Comme toute grippe, sa dangerosité est actuellement limitée, mais cela reste une maladie pouvant être sérieuse et malheureusement mortelle.

La voie orale ou cutanée semble être le moyen le plus facile de l’attraper et l’incubation serait de quelques jours à quelques semaines, pas quelques mois ou années. Porter un masque, c’est surtout éviter les postillons et expositions directes face à une personne infectée.

Bref, c’est une précaution utile, pas un remède miracle.

sent arnaque

Quand je découvre cela sur Internet, j’y vois une splendide arnaque ; source : mon épouse.

Pour la comparaison, le prix en Chine varie entre 1 et 10 yuan/ masque, soit aux alentours de 2 euros pour ce qui devrait être en France.

masques

Quand je découvre ces photos, apparemment de Canton, j’y vois une preuve de la réactivité et la débrouillardise chinoise (oui, ce sont des bouteilles de 5L et oui, c’est un demi pamplemousse) ; source : ma belle-sœur.

Bref, prenez les précautions adaptées, mais le meilleur remède à ce coronavirus, ce n’est assurément pas la paranoïa. La paranoïa, c’est très utile ailleurs (partout, en fait, même dans le jeu de rôle), mais ici, c’est faire preuve a priori plus de gentille crétinerie que d’intelligence.

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Bref, suivez ce modèle et tchin-tchin !

 

Une nouvelle année du rat

bonne année 2020 rat

Et nous voilà donc entrés dans l’année du rat.

Evidemment, ce rongeur n’est pas synonyme d’horreur et de porteur de peste (pas même de ce coronavirus), mais de son lot de qualités, comme tout animal du zodiaque chinois.

Que ronge-t-il ? Eh bien, il ronge les enveloppes rouges chinoises, qui contiennent de l’argent, car le cadeau typique de cette fête, sûrement la plus importante en Chine (un mélange de Noël et de Nouvel An), c’est une enveloppe contenant des espèces sonnantes et trébuchantes.

Voilà pour la petite blague.

Que le rongeur soit avec vous !

 

Joyeux Noël !

Nos amis les Chinois ont beau profiter de Noël pour en faire une fête complètement commerciale, un peu de gentillesse ne fais pas non plus de mal.

Et oui, l’âne et le bœuf ont bel et bien été remplacés par les animaux chinois de l’année 2019 et celle qui arrive, l’année du rat (le Nouvel An chinois est prévu le 24-45 janvier 2020).

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Une nouvelle année du cochon commence

Bon, je suis de retour dans l’hexagone, en gros voyage, donc pas vraiment le temps d’écrire, mais voici quand même mon petit apport à cette année du cochon qui commence :

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Au stylo bille et marqueur, à la va-vite, mais on fait ce qu’on peut !

Et parce ce qu’en Chine, tout est toujours prétexte à consommer :

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Voici ce que propose Ferrero et Lego dans les rayons des supermarchés…

Wushu, Kung-fu, tout est flou ?!

J’ai très longtemps repoussé cet article, qui pourtant m’avait été demandé par un autre pratiquant d’arts martiaux (japonais). Pour ma défense, c’est un long article, et pourtant j’ai à peine l’impression d’avoir fait plus que gratter la surface du sujet.

Cette fois-ci, je relève mes manches et je tente d’aborder ce vaste sujet. Etant donné ma propre pratique assez limitée (je n’aime pas parler de ce que je ne connais pas, et la pratique d’un art martial est évidemment nécessaire pour pouvoir l’analyser !).

Déjà, les termes. Celui de kung-fu est mondialement connu, mais ne désigne originellement pas, dans la langue chinoise, la pratique spécifique d’un art martial. Bien avant d’être la fameux kung-fu, pratique chinoise des techniques de combat ancestrales, popularisée par le cinéma d’action (particulièrement hongkongais), avec Bruce Lee en tête, le terme gong fu (功夫) désigne l‘habileté, la maîtrise d’un travail ou d’une technique.

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Parfois, un retour aux sources s’impose, surtout que Jackie Chan, sous le nom de scène de Chan Yuen Lung, a été cascadeur dans ce film. Et je viendrais par la suite au nunchaku, un peu de patience.

En fait, pour être plus précis, il faudrait utiliser le terme de wushu. Wu shu (武术) désigne bel et bien ce que nous entendons communément par kung-fu, à savoir « arts martiaux ». Par ailleurs, pour vraiment spécifier l’aspect chinois de la pratique, il faudrait bien rappeler l’aspect national de la pratique et écrire zhongguo gungfu (中国功夫), ce qui correspondrait exactement à « arts martiaux chinois ». A noter l’amusante similitude avec wu shu (巫术), qui désigne la sorcellerie (je m’excuse, mais les 4 accentuations chinoises ne passent pas avec une police d’écriture standard, les 2 « wu » se prononcent malgré tout différemment).

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En poussant la logique à fond, on se retrouve avec ce genre de navet… Presque de nanard.

En bref, si désormais même les chinois eux-mêmes comprennent le terme de kung-fu de la même manière que le reste du monde, l’étymologie a son importance. Et je me permets d’ajouter que cette maîtrise originelle explique pourquoi, dans la plupart des films de kung-fu, les personnages sont capables de se battre parfaitement avec des baguettes. Si l’on maîtrise son art, on maîtrise absolument tout, son corps et ses ou outils, y compris attraper une mouche avec ses baguettes (bon, l’hygiène passe après la « rule of cool »).

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Ces images doivent, j’espère, vous rappeler quelque chose. Mais essayez donc d’attraper ce foutu insecte volant avec des baguettes…

Quant au qi gong (气功), j’y viendrai plus tard dans cet article, car ce n’est pas du tout un art martial, contrairement au tai-chi-chuan (tai ji quan, 太极拳), mais je vais aussi développer cet ancêtre.

 

Alors, pour des raisons de clarté, mais aussi car c’est malgré tout le terme employé par les chinois eux-mêmes, je vais parler du kung-fu. Le kung-fu reste un élément fort présent dans la société et culture chinoise. Et je vais donc parler en certaine connaissance de cause, ayant pratiqué l’année dernière pendant plusieurs mois d’affilé cet art martial.

Il faut savoir qu’il y a de nombreux lieux pour pratiquer le kung-fu. Bien sûr, il y a les clubs, donc des établissements  dirigés par des maîtres, de la même manière qu’en France et ailleurs.

Je ne me suis pas rendu dans ce genre de lieu, j’ai pratiqué au sein d’un club universitaire, de la même manière qu’un étudiant chinois.

Sachez donc qu’à partir de cette expérience, je vais en tirer des conclusions, mais que je ne chercherai pas à généraliser absolument, n’étant pas entré dans un monde relativement plus fermé.

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Cette image est assez représentative de ma propre expérience.

En effet, le qualificatif d’art martial ou de sport de combat peut vraiment difficilement être validé par rapport à l’apprentissage proposé. Chaque soir, des groupes d’étudiants se rassemblaient dehors (donc annulation quand il pleuvait, mais Lanzhou est une ville au climat très sec, donc les pluies se faisaient rares) sur les terrains de volley. Les cours avaient lieu de 21 h à 22 h, raison pour laquelle je n’ai pas de photo prise de ma main à proposer (je pratiquais et on n’y voyait guère, donc le résultat aurait été invariablement flou). Par ailleurs, les professeurs étaient un groupe d’étudiant fort expérimentés qui faisaient profiter de leur enseignement aux différents groupes (débutants, intermédiaires, avancés). Je n’ai donc pas eu de professeur professionnel, mais j’avais des jeunes gens qui avaient parfois jusqu’à dix ans de pratique qui montraient et expliquaient les mouvements et postures. Je ne critique donc pas le manque d’expérience.

Par ailleurs, aucun de ces jeunes gens ne faisait mieux que baragouiner de l’anglais, donc j’ai eu un apprentissage à la japonaise : regarde et apprends. Les explications en chinois restant incompréhensibles pour ma pauvre personne.

Pour ce qui est d’un cours, ce sont des échauffements, puis la répétition des mouvements, comme un seul homme. Il y a vraiment un aspect militaire, avec les « sergents instructeurs » passant parmi les pratiquants en corrigeant les postures. Cela favorise par contre grandement le sentiment d’appartenance à un groupe, donc selon un modèle très chinois. Un modèle et tout le monde suit la même chose en faisant de son mieux pour imiter parfaitement la démonstration. L’effet mimétique est loin d’être à négliger, on apprend en se calquant, donc en se forçant.

Toutefois, et c’est là ma grande critique, il s’agit de chorégraphie. Je présuppose qu’une partie des explications doivent servir à replacer les mouvements appris dans un contexte combatif, parce que de mon point de vue, j’aurais pratiqué de la danse ou de la gymnastique, je serai arrivé au même résultat. Cela reste d’ailleurs ma principale critique : un enseignement totalement dénué de violence. Je précise tout de suite que même les cours plus avancés se passaient selon le même modèle, donc ce n’était pas parce que j’étais dans le groupe débutant que je n’avais pas accès à un apprentissage jugé plus dangereux et risqué.

Et cela me pose question. J’ai beau être un novice en art martial chinois, j’ai pratiqué l’aïkido dans sa forme traditionnelle plusieurs années, pratiqué l’aïkiken (la pratique du sabre -ken- dans l’aïkido) et l’iaïdo pendant près de douze ou quinze ans, testé l’escrima un an et l’escrime de spectacle un an également. J’ai donc une idée assez précise de la manière d’apprendre à se battre, même dans les conditions les plus encadrées et sécurisées qui soient.

Ici, à part travailler la souplesse, la rapidité et l’équilibre, voire l’harmonie, je reste sur ma faim. Même en mimant un coup de pied ou de poing, sans adversaire, sans recherche de puissance dans le mouvement, cela reste aussi esthétique et vide qu’une danseuse de ballet travaillant un grand jeté. Magnifique, mais inutile dans un combat (ou alors, vous êtes dans un film ou un spectacle).

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A l’image de cette magnifique photo promotionnelle pour un club, des costumes aux couleurs du club, le maître habillé justement différemment et de magnifiques postures démontrant l’habileté et la souplesse des pratiquants. Le problème arrive quand cette esthétique prend le pas sur le reste.

Et je tiens à dire que plusieurs des étudiants pratiquaient, parfois avec une maestria réellement impressionnante, divers styles. Car oui, il n’existe pas qu’un kung-fu, mais une myriade d’écoles en fonction des régions et des écoles. Certains mettent en exergue la fluidité, d’autres la vitesse, certains proposent même ne certaine puissance (je qualifierais plutôt ces pratiques de très énergiques ou de force physique, car je lie puissance avec une efficacité combative dans un sport de combat). Mais c’était un spectacle, pas une pratique martiale.

J’arrête tout de suite les adulateurs des styles animaliers si « connus » (tigre, mante, dragon, etc., dans ce que j’ai découvert, il n’y avait pas de thématique animale), je n’en ai aucune connaissance, donc.

Par ailleurs, même les travaux en duo étaient de la chorégraphie. Le but n’était jamais de faire une véritable prise, ou de bloquer un vrai coup de poing ou manchette. Non, c’était du spectacle, mais même en escrime de spectacle (où les distances sont exagérées, pour des raisons évidentes de sécurité), il y avait plus de réalisme que dans la pratique découverte. En fait, un enfant aurait pu apprendre ces enchaînements, il y aurait la même puissance derrière que dans celle que je devais déployer.

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Tiré du film Ip Man de 2008, premier du nom (car 4 autres sont sortis), qui retrace apparemment assez fidèlement la vie du maître, dans un climat de violence et de combat de rue.

Ne pensez pas que les arts martiaux chinois sont du pipeau ! Nombre d’écoles ont du prouver leur efficacité en se battant dans la rue. Il n’y a qu’à considérer la vie d’Ip Man (Yip Man), le plus célèbre maître de Bruce Lee, qui n’a pas appris ou pratiqué les arts martiaux par simple plaisir, car les guerres de gangs et les oppositions entre pratiques étaient bien réelles et violentes. Et ce serait oublier l’origine de la pratique Shaolin, qui remonte au Vème siècle. Les moines à cette époque que faisait pas que travailler leur spiritualité, il fallait se défendre !

Toutefois, la pratique publique et généralisée du kung-fu se voit donc dénaturée. Attention, la plupart des pratiques d’arts martiaux le sont désormais, mais j’apprécie quand un professeur m’explique ce qui a été vidé de sa substance et quelle est la réelle efficacité et raison d’un mouvement. Cela est selon moi un art martial, qui se démarque donc radicalement du combat de rue. De plus, la plupart des katas (enchaînement de mouvements, en japonais) proposent une situation qui rapidement devient fausse, martialement parlant. Cependant, la plupart des techniques sont pratiquées de façon au moins sportive. Ici, en Chine, il me semble que seul l’aspect esthétique soit conservé, au moins vis-à-vis du grand public.

Et je dois dire que cela m’a plutôt chagriné.

Pareil pour la pratique des armes. Je dois dire, je suis un grand fan de l’art de l’épée. Qu’on me parle de rapière, d’épée longue médiévale, de katana, de jian, peut m’importe, je suis assez fasciné. J’ai été assez déçu de ne pouvoir avoir plus qu’un ou deux cours à propos de la pratique du jian, l’épée chinoise souple.

Et je dois dire que là encore, même si j’ai bien évidemment utilisé des armes d’entraînement, donc inoffensives, je reste dubitatif. Les lames qui :

  • Soit tranchent tout et n’importe quoi
  • Soit blessent de façon superficielle les combattants
  • C’est du manga ! (rajoutez ici n’importe quelle œuvre de fiction exagérée, de Star Wars aux films d’arts martiaux)

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Voilà, le rouge, c’est du ketchup. Parce que franchement, rien que se couper avec sa propre lame, ou avec un couteau de  cuisine, c’est douloureux, donc imaginez qu’un lascar vous taillade de toute sa force et précision pour vous étendre raide, puis comparez.

Une épée, c’est une pointe et une lame. On l’utilise donc pour percer ou lacérer un être vivant (humain), point. Le rajout du symbole de la croix chrétienne ou de l’âme du samouraï, c’est du folklore, développé à mesure que l’épée est devenue un symbole de la caste des combattants. A la base, c’est un outil de guerre et de mort, point à la ligne.

Or donc, les mouvements secs, vifs et les voltiges sont un régal pour les yeux (et les oreilles, les sifflements  des lames sont le signe d’une bonne pratique, sachez-le), mais niveau efficacité… je suis extrêmement dubitatif.

Par ailleurs, j’en profite pour faire un rapide point sur la tenue des gardes selon les différentes pratiques, dessin à l’appui.

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Le dessin est de moi, merci pour l’artiste. Blague à part, quand vous voyez un film d’art martiaux, vous pourrez facilement déterminer le réel niveau de l’épéiste s’il tient sa lame comme un marteau. Tout est dit.

Le jian m’étant quelque peu refusé, j’ai testé le nunchaku. J’utilise bel et bien le nom japonais, car cette arme n’est pas d’origine chinoise. Aux Philippines, le terme est tabak-toyok et le maître de Bruce Lee était d’origine philippine. Donc, malgré son image d’Epinal comme arme chinoise, cette arme articulée n’est pas présente dans l’histoire martiale chinoise. Je dois dire que je trouve cette arme, après un peu de pratique… assez surestimée. Déjà, son apprentissage est vraiment difficile, même avec une arme en fer blanc ou en aluminium, les « retours de bâton » sont légions. A moins d’être un quasi-maître, je trouve qu’une épée est bien plus efficace. De plus, son allonge et son obligation de mouvement rotatif perpétuel en font certes une arme très rapide, mais qui n’inflige pas de lourds dommages, par rapport à une simple matraque. C’est vif, cela claque (au sens propre du terme !) et fouette, mais que de limitations !

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Oui, c’était bien ma tortue ninja préférée. Je ne sais pas si elle l’est encore, après cette expérience !

Venons-en au tai-chi-chuan (tai ji quan, 太极拳). Le tai-chi est la pratique emblématique des personnes d’un certain âge, pratiquant ces mouvements lents et harmonieux dans le soleil matinal, profitant de la nouvelle journée. Alors certes, cette pratique est commune. En Chine, il suffit de se promener, surtout tôt dans les parcs et jardins, pour apercevoir une personne plutôt âgée, en majorité masculine, pratiquant cet art lourd de spiritualité et de bien-être.

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Ici dans une cour, avec cette posture des doigts si emblématique, que je n’explique pas, car je n’y vois aucun intérêt combatif, au contraire.

C’est quand même oublier que c’est un vieil art martial, dont on peut faire remonter les sources jusqu’au XVIIème siècle et à la spiritualité taoïste. Certes, tout l’aspect du chi ou qi (气), de cette énergie, est clairement présent, mais il a été aussi une pratique de boxe tout à fait combative et efficace. Toujours à l’université, un petit groupe d’étudiant pratiquait le tai-chi dans sa version à la fois lente et gymnique, puis passait à une pratique plus énergique. Cependant, je ne peux guère développer, car je n’ai à mon actif aucun témoignage direct de pratiquant chinois, donc je ne me permettrais pas de parler plus avant de cette pratique sans connaître précisément la signification.

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Oui, c’est encore de ma plus, bien le droit de me faire un brin d’auto-promotion. Mais je dessine de la fantasy, pas une représentation réaliste.

Toutefois, le qi gong (气功) est par contre lui totalement dénué de martialité. Ici, tout est basé sur une gymnastique centrée sur la respiration et sur le chi/qi. Ici, c’est directement dans le nom de la pratique. Je ne vais pas essayer de rentrer dans les détails du lourd symbole de spiritualité, largement repris par la culture populaire, pour en faire une énergie mystique et magique, pour moi, c’est le nom qui cherche à définir l’énergie intérieure, un lien entre l’âme et le corps. Le qi gong est toutefois plus prosaïque, car c’est donc une pratique physique avant tout, même si la visée méditative suit évidemment.

Pour tout dire, je n’ai pas eu l’occasion d’observer cette pratique. Mon adorable épouse m’a fait la réponse toute simple : « c’est normal, comme c’est une pratique de détente, les gens le font de manière assez privée et éloignée des trépidations extérieures ». En clair, encore plus que le tai-chi, les pratiquants ne vont apparemment pas chercher à s’installer dans un parc au milieu d’un petit coin de nature, mais si près du passage de la foule (car quelle que soit l’heure, il y a toujours foule, en Chine).

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Ça, c’est une magnifique photo artistique trouvée sur le net, qui représente bien toute la philosophie de la pratique, m’est avis.

La pratique a été adoptée par le Parti communiste chinoise en 1949 en tant que thérapie. Cela dit, je prendrais des pincettes concernant son efficacité thérapeutique, puisque la politique cherchait à recréer un sentiment d’appartenance nationaliste selon des pratiques traditionnelles (plus ou moins avérées) par rapport à l’influence occidentale. Il est évident qu’une pratique saine du corps est bénéfique, mais je n’y vois guère de magie là-dedans et vouloir appliquer une lourde étiquette spirituelle et mystérieuse n’est pas forcément une bonne chose.

Je terminerai en prenant justement un exemple (japonais, on fait avec ce qu’on a) d’un occidental qui pratiquait le kyudo, le tir à l’arc japonais. Il a commencé une interrogation ou explication remplie de mysticisme et de symbolisme à un maître japonais (transpercer son moi via une flèche mentale, tout ce genre de discours), qui a rétorqué un laconique « ça va là » en désignant la flèche, puis la cible.

 

Bref, la pratique martiale chinoise reste présente, malgré l’attirance immense des sports occidentaux sur la jeunesse (le basketball connaît un succès fou), donc la diminution de la pratique ancestrale est inévitable. Je crains simplement qu’elle se vide de sens, à terme, dans quelques générations.

La bonne conduite

Apparemment, les plus tristes et stupides histoires arrivent à faire le tour du monde et sortir de la Chine.

Il y a quelques jours, un accident mortel de bus a été causé par une pauvre (placez ici le nom injurieux au féminin qui vous vient à l’esprit en premier), qui se met à gifler un chauffeur de bus alors que ce dernier est en train de conduire.

Bon, je poste ici un lien, qui en vaut un autre, mais surtout avec la vidéo de la caméra de sécurité qui tourne largement en ligne et sur les réseaux sociaux.

 

Mais je rebondis sur une habitude culturelle chinoise qui a tendance à m’insupporter au plus haut point et que je trouve même particulièrement déplorable, pour ne pas dire dangereuse.

Avouez, que vous soyez piéton, cycliste, skater, automobiliste, bref, que vous vous trouviez dans la rue, vous avez sûrement utilisé d’une manière ou d’une autre l’expression : celui-là (pas d’écriture inclusive ici, le masculin est aussi le « neutre » en français), il a eu son permis dans une pochette surprise.

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Qu’ai-je besoin d’ajouter à mon mini montage photo ?

Incivilité quelconque, absence du respect du code de la route, gros plouc croyant qu’il peut faire comme bon lui semble, l’envie de se promener avec une bombe de peinture ou une canne (la canne est nettement plus française et élégante que la batte de baseball, que ce soit clair une bonne fois pour toutes) afin de repeindre le moyen de transport du margoulin si peu urbain, ou lui infliger une belle bosse ou bleu dont le piètre personnage se souviendra pendant un certain temps.

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C’est autre chose que les altercations contemporaines dans les rues de Paris, quand-même !

Mais cela, c’est dans un pays où il y a des règles établies, même si celles-ci sont parfois royalement bafouées.

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Mesdemoiselles, Mesdames, Messieurs, l’actuelle impératrice en Chine.

En Chine et bien le code de la route semble bien souvent absent. Dans une ville comme Guangzhou, ou dans les centres-villes, les feux de signalisation sont assez respectés. Je dis bien « assez », faites attention, un peu, je vous prie.

Mais en règle général, le « code » est assez simple. La priorité va à celui qui possède ou du moins montre qu’il a le plus d’argent. En clair : j’ai une automobile = je suis le roi de la route. Plus encore : j’ai une grosse berline = je suis l’empereur de la route.

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Traduction : « j’ai une voiture de luxe, je suis tellement cool »                                                                 (c’est MON meme et le texte demandé à MA charmante épouse, droits d’auteurs, hein !)

Ici, pas question d’être poli ou respectueux. Une sortie ou entrée de parking, donc le fait de pénétrer en quatre roues sur le trottoir ne veut pas dire que le conducteur va aimablement laisser passer l’homme se tenant fièrement sur ses deux jambes. Oh que non. Même si l’automobiliste arrive (sans guère ralentir, sinon le jeu est moins drôle) dans votre angle mort, à vous de lui céder le passage, sinon, vous risquez de commencer une partie du classique jeu du « qui cèdera la priorité en premier ». Et derrière sa tonne de plastique et de métal, le fier pilote risque moins que vous et vos petits muscles. Certes, normalement, la personne au volant de ses chevaux vapeur aura tendance à vous laisser passer, mais vous en serez quitte pour un bon coup de sang et une saine montée de stress et d’adrénaline.

 

Car le trottoir chinois n’est point sans danger. Ami des sensations fortes, venez en Chine. A peu de frais, vous pourrez facilement connaître quelques belles frayeurs et jouir du rouge vous montant au joues, de la veine palpitante, de la bordée d’injures qui vous vient aux lèvres et du regard qui aimerait tant foudroyer le fauteur de troubles.

Ici, voici venir les deux roues.

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Tremblez, voici venir les bikers chinois !

Je n’ai pratiquement jamais vu de grosses cylindrées en Chine, ni scooter. Par contre, les vélos, y compris électriques et les mobylettes sont légions. Et dans un pays qui compte tellement sur les livraisons à n’importe quel moment (j’avoue, il m’arrive d’en profiter tant cela est pratique), où le temps, c’est de l’argent, la vitesse est de mise. Donc le slalom entre les piétons est la norme. Un conseil, attention aux mouvements brusques et surtout, gardez le cap quand vous marchez ! Surtout si vous avez la fâcheuse passion d’aimer écouter de la musique lors de vos déplacements pédestres (votre casque vissé sur vos oreilles et le tout branché à votre baladeur –ou portable dernière génération, cela marche aussi-), voire d’être en plein milieu d’une conversation prenante. Attention, car le fier pilote au guidon de son bolide, souvent fort silencieux car électrique, a d’ores et déjà tracé sa trajectoire mentalement et vous frôlera avec l’aisance de l’habitude. Evitez les grands gestes passionnés ou les soudains changements de décision, vous pourriez connaître un choc malencontreux. Cela a failli m’arriver un certain nombre de fois, surtout que je marche vite.

 

Désormais à Guangzhou, j’ai songé à conduire moi-même.

Alors, tout d’abord, le permis de conduire français, même traduit en chinois par un traducteur officiel et dûment tamponné, n’a qu’une valeur assez limité ici. Je pense que pour louer un véhicule, cela peut suffire, mais pour conduire librement et avoir son propre engin motorisé, mieux vaut (re)passer le permis au pays d’accueil. C’est en tout cas le conseil d’un de mes confères professeur, c’est le plus simple. Par ailleurs, l’obtention de carte grise est apparemment, pour les grandes villes, la croix et la bannière. C’est extrêmement long, à moins d’avoir de quoi graisser la patte de l’administration. On compte, sans rire, en mois voire en années (ne riez pas, j’ai des exemples en tête !) l’obtention de ce genre de papier. Un autre conseil du même professeur était d’être en relation avec un français possédant sa propre voiture, français qui désirerait la vendre. Là, il y a moyen de s’arranger (à la chinoise, c’est à dire de manière… souple).

Pourquoi cette lourdeur administrative ? Eh bien, assez simplement, deux raisons principales expliquent cela.

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Remarquez, c’est joli, la nuit, avec toutes ces lumières (ici à Xi’an)

Premièrement, les limites des voies de transport. Elles paraissent déjà souvent saturées, donc l’administration est assez frileuse de voir se multiplier le nombre de véhicules dans les métropoles.

Deuxième raison, la pollution. La Chine connaît très bien son épineux problème de pollution et effectue quoi qu’on en dise, déploie beaucoup d’efforts (et d’argent) pour éviter de se tirer une balle dans le pied.

 

Ceci étant, cela ne règle pas ma crainte principale.

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Je sais QUI conduit quotidiennement plus rapidement et plus follement, moi !

Vous avez probablement déjà visionné le film Taxi. Oui, ce chauffeur de taxi à Marseille qui conduit si vite et si bien et slalome à travers la circulation urbaine. Eh bien, il ne serait qu’un conducteur parmi tant d’autres. En effet, même votre conducteur de bus ou de car (ou de navette entre campus, par exemple), va appuyer sur le champignon et zigzaguer de droite et de gauche (quitte à utiliser la bande d’arrêt d’urgence), afin d’avaler les kilomètres en un temps record.

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Quand je dis appuyer sur le champignon…

Donc, ma petite personne, si germanique dans l’esprit, avec son respect des sacro-saintes règles et conduites, est plutôt inquiète de prendre le volant dans un monde digne du far-west. Ceci dit, les accidents sont vraiment rares, même les accrochages sont exceptionnels, les chinois sont parfaitement habitués à cette situation dans la rue, mais pour un occidental, gardez-donc les yeux grands ouverts, vous êtes prévenus !

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Parce que la tête de cette chauffeuse de bus (ici à Lanzhou) ne prête pas à rire, c’est moi qui vous le dit !

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A combien de reprises peut-on entendre parler de « rayonnement culturel » ou « échanges interculturels » ?

Bien trop, et souvent dans des contextes flous, quand ce n’est pas totalement vide de sens, balancé à tord et à travers par « quelqu’un d’important », qui semble royalement ignorer de quoi il parle.

Alors que c’est pourtant très simple et qu’on peut même en faire sa passion, potentiellement en vivre.

 

Vous connaissez l’adage selon lequel la musique est un langage universel ? Si oui, vous pouvez continuer à lire cet article. Si non, hors d’ici, non mais !

Commençons donc pas l’anecdote : la semaine dernière, grâce à l’intelligente initiative de l’AF (Alliance Française) de Canton, j’ai été invité (aaahh, le luxe et les fastes de la vie de professeur étranger en Chine…) au concert du groupe FD5. Oui, je sais, le nom sonne comme les 2Be3 (vous ne connaissez pas ce -ahem, vieux- boy’s band ? Google est presque ton ami et non, cela ne me rajeunit pas, je fais avec).

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FD5 弗雷德乐队 (on copie, on colle, on tape «Entrer» c’est facile, vous verrez !)

Naturellement, ce nom est parfaitement inconnu au bataillon français et pourtant… il commence à gagner un grand succès en Chine.

Ce groupe de pop rock est un joyeux rassemblement de 5 –vous ne l’auriez jamais imaginé, hein ?- guedins français, russes et ukrainien. Et surtout, le chef du groupe, chanteur et guitariste est français. Oui ma bonne dame, il parle la langue de Molière. Cocorico.

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Admirez l’astuce, la charmante donzelle blonde (ukrainienne) est au premier plan, même si elle est bassiste et ne chante pas. Mais ainsi, on attire le chaland plus facilement ! Ha ha, bien joué !

Vous ne connaissez pas, hein ? Pourtant, il s’agit du groupe « français » le plus téléchargé en Chine (devant Daft Punk, eux-mêmes devant Justice) et classé 63ème dans la catégorie groupe étranger par Baidu Music.

Le groupe se classe aussi 120ème dans le classement de QQ Music China

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Pour info, Baidu, en Chine, c’est Google.  QQ égale Skype (et Twitter dans une moindre mesure).

Leur clip « A force de t’aimer » a été visionné 12 million de fois en Chine et ce tube s’est classé N°1 dans les top chinois (en section chanson étrangère). Tout de suite, ça place un peu le niveau, qui commence à devenir un phénomène.

Fondé en 2010, en Chine, le groupe se fait connaitre en participant à « Star Avenue » sur CCTV3 (comprendre la «Star Academy» sur France Télévision). Et ils ont continué sur cette lancé, passant à la télé, puis on sorti leur premier album en 2013, « Happy paradise », qui inclut leur tube «A force de t’aimer».

Oui et alors ? Et bien là où c’est diaboliquement malin, c’est qu’il s’agit d’une adaptation d’une fort célèbre chanson chinoise « Because of Love » («因为爱情»). Le compositeur chinois Xiao Ke (小柯) a d’ailleurs largement soutenue et promue par ce musicien. Donc, le public chinois peut non seulement découvrir une nouvelle langue, mais comprend tout naturellement qu’il reprend et traduit une chanson très bien connue, elle même très populaire. L’air est déjà connu, on l’entend partout, c’est donc emballé. Et donc, pour filer la métaphore, ça cartonne.

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Les deux albums en question

En 2016, le deuxième album « Straight ahead », commence également à introduire des chansons vraiment originales, qui connaissent leur propre succès. Avec le tube «Au bout de mes rêves», FD5 se classe 13ème dans la liste des groupes étrangers sur Baidu Music.

 

On a donc un petit malin à la tête de ce groupe qui passe de la chanson d’amour au bon vieux rock, chantant aussi bien en français qu’en chinois (très bon niveau de chinois, teeeellement meilleur que le mien) et surtout un gugusse originaire de Nîmes qui sait vraiment bien jouer avec son ambiance et son public pour dynamiser une soirée.

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Mettre le feu sur scène, allégorie

Mon expérience et découverte ressemblait vraiment à un concert privé, étant donné qu’avec la date (un jeudi soir), un emplacement qui ne favorisait pas une grande affluence des étudiants (proche du campus de Master d’une des universités de Guangzhou, mais pas du campus des Licences, bien plus populeux) et ne bénéficiant pas d’une grande portée médiatique (la pub était très réduite), le bar était très loin d’être plein à craquer.

Et malgré tout, en deux minutes à peine, tous les jeunes (je parle surtout des étudiants, moi, « vieux » prof, avec présentement ma cheville en vrac, je suis resté assis en sirotant une bonne bière –belge, gage de goût et de qualité, n’en déplaise à nos bons amis allemands-) en profitant du spectacle. Parce que spectacle, même en petit comité, il y a ! Les téléphones portables allumés qui remplacent les briquets agités dans les airs, le passage tout à fait fluide depuis des chansons assez douces à du bon vieux rock joue vraiment avec l’ambiance et les apostrophes en chinois marchent du tonnerre.

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Leçon 2 : mettre son public à genoux (juste avant de le faire sauter)

Je ne passe pas sur la spéciale dédicace « Ça (c’est vraiment toi) », avec la vision étonnante du directeur de l’Alliance Française dansant le rock comme un ado avec une spectatrice chinoise. J‘étais moi-même aux anges de réécouter dans ces conditions ce vieux tube qui date déjà du temps de mon propre paternel !

 

Que tirer d‘une seule soirée ? Eh bien que ce passage de l’interculturel, simple et si malin, permet non seulement de rassembler les gens, d’ouvrir des barrières (hé, j’ai eu une étudiante qui s’est retrouvée en Licence de français parce que sa mère était fan d’Edith Piaf… pas une si bonne idée, mais l’exemple est marquant !) et de jouer sur les codes et les images –principalement de la France-, tout en étant ouvert de façon dynamique à la culture et la langue chinoise.

On peut me rétorquer que tout ça n’est que superficiel et commercial, je répondrai, oui, et alors ? Depuis quand le culturel est-il définitivement séparé de l’aspet mercantile ? Depuis quand le succès populaire est une barrière à l’apprentissage d’une langue étrangère et à la première découverte d’une autre culture ? Il faut bien commencer quelque part, voulez-vous ?! Combien de jeunes artistes peuvent se targuer de connaître un tel succès ? On sent les efforts d’acclimatation, d’acculturation et d’apprentissage d’une langue loin d’être facile pour un occidental. Mais c’est une preuve, que je qualifierai d’éclatante, que du travail sérieux et de la passion peuvent mener à de sacrés résultats. N’en déplaise à certains, voire beaucoup.

Et ça, c’est une leçon pour nos bons amis défenseurs de la seule « vraie culture », souvent élitiste. Parce que quand je peux amener mes étudiants à aimer le français en leur proposant de chanter les paroles d’un groupe connu et tendance, moi, le professeur universitaire de français, j’y gagne un regain d’intérêt, d’attention et de bonne humeur. Et croyez-moi, rien de mieux que des étudiants attentifs pour expliquer un article de presse du Monde, une pièce de Molière, ou un conte tiré de la Genèse !

 

Allez, tous ensemble… Ça… C’est vraiment la culture… Ça, ça…

Le lien de leur page Facebook

La fête de la lune

Bonjour chers lecteurs.

Je vous souhaite une excellente fête de la lune, plus communément appelé festival de la mi-automne. Comme je n’ai rien de bien nouveau à apporter, je vous renvoie à cet article.

Mais comme je ne veux pas passer pour un rat (pour la symbolique, je voudrais dire « lapin », mais le sens de l’expression tomberait alors à plat, fichtre !), voici une petite peinture numérique sur le modèle du « trop mignon », comme dirait mon épouse, qui adore cette expression :

Happy moon festival

Au cas où vous auriez un doute, les caractères chinois veulent bien souhaiter une bonne fête de la lune. Il n’y a pas de faute, c’est ma charmante épouse qui a tapé les bons caractères.

Anecdote humoristique -en couleurs-

Non, ce blog n’est pas encore mort, j’ai juste eu un été assez chargé et n’ai pas pris le temps d’écrire de nouveaux articles. Je reprends la plume avec la rentrée qui recommence. En attendant, une petite planche humoristique tirée d’une situation que je connais déjà par cœur :

bronzage FR - petit